Article de Guillaume Goubert, directeur de la rédaction de La Croix, paru le 20 juin 2017.
De Tugdual Derville, on connaît plusieurs engagements publics. Il est délégué général d’Alliance Vita, il a cofondé le Courant pour une écologie humaine, il a été un temps l’un des porte-parole de la Manif pour tous. Mais, on le sait moins, cet homme – qui se distingue par des convictions aussi fortes que son souci du dialogue – a vécu également une aventure associative marquante, À bras ouverts, qu’il a fait naître en 1986 avec quelques amis. Il la raconte, trente ans après, dans un livre préfacé par Jean Vanier.
Des échanges entre enfants valides et handicapés
Jeune étudiant, après avoir accompagné un petit garçon handicapé au pèlerinage national de Lourdes, Tugdual Derville a eu une idée toute simple : offrir à des jeunes porteurs de handicap la possibilité de sortir de leur institution ou de leur famille pour des séjours de fin de semaine ou de vacances en compagnie d’autres jeunes, valides. Le modèle, improvisé au départ, a prospéré. L’association compte aujourd’hui 26 groupes à travers la France, qui accueillent chaque année environ 600 jeunes pour 550 séjours.
Depuis trente ans, environ 15 000 accompagnateurs se sont impliqués dans les activités de l’association. « Chacun a, je l’espère, fait une rencontre inoubliable, facile ou difficile, mais sans aucun doute précieuse pour toute sa vie », écrit Tugdual Derville. L’intérêt majeur du livre est là, dans la description de ces échanges entre des jeunes si différents mais aussi doués humainement les uns que les autres et qui s’enrichissent réciproquement. Les enfants handicapés apprennent ainsi aux autres le prix et la beauté de choses toutes simples comme couper ensemble une tomate ou jouer au ballon. « La relation a vaincu le totalitarisme de la performance. »