Je reviens de l’assemblée générale de l’Académie pontificale pour la vie qui se tenait au Vatican en même temps que la visite très commentée d’Emmanuel Macron. Devant notre académie le pape a encouragé ce qu’il appelle « une bioéthique globale ». Cette bioéthique englobe « toute la vie et la vie de tous » à tous ses stades, c’est-à-dire le principe du respect de la vie mais aussi les conditions de cette vie.
Quelle tristesse pour les chrétiens de trop souvent se laisser enfermer dans une séparation forcée, où l’on prétend qu’il y aurait d’un côté les « sociaux » et de l’autre les « sociétaux » ! Peut-on se diviser selon une fracture politique artificielle entre gauche et droite, entre le souci des pauvres et celui des embryons, alors qu’il s’agit de la question globale de la dignité humaine, qui ne se partage pas ?
Justement, ce congrès 2018 de l’Académie pontificale pour la vie avait pour thème « Nés égaux, mais après ? » Ce thème fait écho à la façon dont le pape François, dans Laudato Si, s’interroge sur le sens de l’interdit du meurtre, si les riches volent aux pauvres tant de leurs indispensables ressources naturelles. Nous avons donc parlé à la fois de mortalité infantile et d’accès aux soins vitaux dans les pays pauvres, et de sélection prénatale et d’accès à la naissance dans les pays riches.
Un économiste nous a montré à quel point les inégalités en matière d’espérance de vie selon les pays sont liées à leur niveau de développement. Tellement plus de vies peuvent être sauvées quand on investit la même somme dans la santé des pauvres ! Je cite ce que nous a dit le pape : « Quand nous laissons les enfants à la pauvreté, les pauvres à la faim, les persécutés à la guerre et les personnes âgées à l’abandon, ne participons-nous pas au « sale travail » de la mort ? »
Mais sur quels principes agir ? Le pape a souligné l’importance de « l’anthropologie globale ». Sans rester « confinée à la morale ou à la loi », elle se centre sur ce qu’il a appelé « l’écologie humaine intégrale ». C’est la première fois que j’entends cette formule d’écologie humaine intégrale. Il n’y a pas d’un côté l’écologie environnementale, et de l’autre l’écologie humaine dont la somme ferait l’écologie intégrale. Car « il n’y a pas d’écologie sans anthropologie adéquate » a écrit le pape François dans Laudato Si. Pour être vraiment intégrale, l’écologie ne peut être qu’humaine, partir d’une conception de la personne qui reconnaisse qu’elle est digne, aimable et respectable, mais aussi responsable.
Une réflexion au sujet de « Écologie humaine intégrale (29 juin 2018) »