Deux mots d’une dépêche de l’Agence France Presse m’ont frappé.
Les parents de Vincent Lambert y sont qualifiés de « fervents catholiques », parmi une brochette d’autres protagonistes, dont rien n’est dit des croyances, peut-être musulmanes, bouddhistes, agnostiques, végan, franc-maçonnes, que sais-je ? S’il y a une étiquette dont je me méfie comme de la peste, qu’elle soit apposée sur mon front ou sur celui d’autrui, c’est celle de catholique.
Dès qu’on débat des questions de société, ce qualificatif n’a plus grand-chose à voir avec ma religion. Il désigne un bouc-émissaire à éliminer. Tiens ! L’article du Monde qui annonce l’exclusion d’Agnès Thill du parti présidentiel qualifie la députée de « catholique fervente ».
Lors d’une émission, quand on me demande de faire profession de catholicisme, ou quand on me dénonce comme catholique – sans que je n’aie rien professé – c’est souvent d’un ton inquisitorial, comme pour obtenir un aveu significatif. Significatif de quoi ? De mes préjugés, de mes dogmes, de mon incapacité à réfléchir tout seul. Car, c’est bien connu, les catholiques ont abandonné toute réflexion, toute pensée personnelle, toute liberté.
L’autre jour, je caressais le fox terrier qui accompagnait un célèbre animateur de radio, tout en déplorant la réticence de ma femme à l’acquisition d’un chien. Le journaliste m’a aussitôt rétorqué : « Depuis quand les femmes commandent-elles chez les intégristes ? » Puis, en direct, il m’a « outé » comme catholique, ce qui n’ajoutait rien au débat mais m’enfermait dans une posture confessionnelle qui n’est pas la mienne.
À part le champ humanitaire où l’on est ravi de trouver des cathos pour faire le boulot, il est une situation où la profession de foi catholique est avantagée, c’est quand elle est suivie de « mais ». « Je suis catholique, mais… » Maints journalistes raffolent de ceux qui, quoique catholiques, contestent les enseignements de l’Église sur les sujets chauds. J’ai ainsi débattu avec un médecin dont la profession de foi s’étalait sur son livre, « médecin catholique, pourquoi je pratique l’euthanasie ». D’un ton admiratif, l’animateur a insisté sur son appartenance à une communauté nouvelle catholique ayant pignon sur rue.
L’étiquette catholique est donc à double tranchant, selon ce qu’on défend : infamante pour le catholique qui tente d’être fidèle, et gratifiante pour le catholique qui se vante d’être rebelle. Pour moi, désigner autrui par sa religion, ou lui faire injonction de la confesser pour le marginaliser, porte atteinte à la laïcité.