La France, sa culture, sa nature… et une solide tradition de trêve estivale. Certains pays s’en étonnent. D’autres nous l’envient.
Le rythme scolaire ou professionnel des Français est intense, surtout en Ile-de-France où l’on part de chez soi tôt le matin, pour rentrer tard le soir. Dans d’autres pays, il est mal vu de traîner au bureau en soirée. Compensation française, nous avons une grande coupure en été. L’occasion de reprendre des forces. Même si elles sont écourtées, ces « grandes vacances » font écho à celles de notre enfance. Elles sont attendues avec impatience. Même ceux qui travaillent mettent un peu leur tête en vacances : le rythme est différent, les villes se vident. On vit « autrement ». On travaille plus léger. Quand le système scolaire est à l’arrêt, notre labeur vire un peu à l’école buissonnière.
L’esprit en vacances permet de prendre du recul ou de la hauteur. De retrouver l’ancrage dans la nature, dans un territoire, de se reconnecter à son corps, aux rythmes naturels, de prendre soin de soi-même, et de ses proches. La pause estivale offre à nos âmes un espace de contemplation et de retraite. Bref, vive les vacances ! « J’oublie tout. Plus rien à faire du tout… » Avec tout de même une pensée pour ceux qui n’en n’ont pas. Notamment les personnes âgées, isolées ou fragiles.
Or, justement, j’aborde avec un trouble certain les mois à venir car le sort de certains fragiles se joue cet été. Le gouvernement n’a rien trouvé de mieux que de placer deux étapes clés du débat bioéthique juste avant le mois d’août et juste après, comme s’il voulait anesthésier tout esprit de résistance à la PMA sans papa, et à la série de mesures scientistes et ultra-libérales qu’il promeut pour la procréation humaine. Tout cela ressemble à un passage en force.
Et puis – second malaise – le médecin de Vincent Lambert vient de signifier à sa famille qu’il entamait un nouveau processus d’arrêt de son alimentation et de son hydratation. Soyons clair : l’objectif est d’induire une défaillance de reins et du cœur de cet homme, pour provoquer sa mort. Qu’on nous assure qu’il est « accompagné » et « sédaté » ne parvient pas à lever notre trouble, et notre indignation. Allons-nous assister à distance – et par médias interposés – à la mort estivale d’une personne très vulnérable, qu’on refuse de transférer, comme ses parents et de nombreux spécialistes le réclament, dans un établissement adapté à sa lourde dépendance ? Vous l’avez compris, cette année, je ne partirai pas le cœur tranquille ; mais il reviendra gonflé à bloc.