Au terme d’une belle soirée sur la bioéthique au Collège des Bernardins, Monseigneur de Moulins-Beaufort a déclaré : « Je ne vois pas comment nous pourrions empêcher des citoyens, catholiques ou non, inquiets de ce projet de loi, de manifester s’ils pensent que c’est un moyen utile pour se faire entendre. J’aurais tendance même à dire qu’ils ont le devoir de le faire » (fin de citation). Aussitôt on s’est précipité sur la déclaration, pour la réduire dans un sens ou dans un autre : « L’Église appelle à manifester » ont titré les uns, quand d’autres tentaient de relativiser la portée de l’encouragement. C’en est pourtant un, que je veux analyser.
D’abord, l’archevêque de Reims a pris soin de parler, non pas des catholiques, mais « des citoyens, catholiques ou non ». En rien confessionnelle, la résistance aux dérives éthiques fait appel à la justice universelle.
Ensuite, il a posé deux conditions pour manifester :
– d’abord être inquiet du projet de loi. Or, les intervenants de la soirée ont détaillé leurs motifs d’inquiétude : droit à l’enfant sans père artificiellement conçu ; sélection génétique prénatale des êtres humains ; embryons transgéniques ; chimères homme-animal… Toutes les digues ou presque sautent, pas seulement celle de la PMA ;
– seconde condition pour manifester : penser « que c’est un moyen utile pour se faire entendre ». On ne le fait pas pour se faire plaisir mais pour être entendus. Or, avons-nous d’autres moyens ? La comédie des états généraux de la bioéthique, dont les conclusions ont inversé l’avis des citoyens qui s’y s’étaient impliqués, ne les pousse-t-elle pas dans la rue ?
En réalité, quand une grave injustice menace les plus faibles (personnes handicapées, migrants, embryon, enfant…) tout citoyen a un pressant devoir de ne pas rester silencieux.
Il reste cependant, d’ici le dimanche 6 octobre, un autre moyen d’expression : c’est de s’adresser personnellement à son député, de lui téléphoner paisiblement ou de lui écrire. Pour faciliter cette démarche urgente, Alliance VITA diffuse trois cartes postales argumentaires pré-remplies. Elles synthétisent nos alertes et nos demandes. Cette démarche est formatrice pour tous. Car on peut s’étonner du peu de connaissance des enjeux complets de cette loi, tant parmi les citoyens – même hostiles à la PMA sans père – que parmi les députés.
S’informer personnellement, alerter ses élus puis manifester : trois devoirs pour qui ne veut pas laisser la loi nuire à l’Humanité.
2 réflexions au sujet de « Se manifester ou manifester ? ( 20 septembre 2019) »