Article de Stéphane Kovacs paru dans Le Figaro du 15 juin 2016.
Les deux textes sont très attendus par La Manif pour tous ou Alliance Vita, qui s’inquiètent de «la fragilisation du principe d’interdiction de la GPA».
Les deux textes ont été rejetés la semaine dernière en Commission des lois. Deux propositions de loi visant à lutter plus efficacement contre la gestation pour autrui (GPA) seront néanmoins débattues, ce jeudi, en séance publique à l’Assemblée, dans le cadre d’une «niche parlementaire» réservée à l’opposition. «Certes, le recours à une mère porteuse est interdit en France, le premier ministre l’a dit à plusieurs reprises, admet Valérie Boyer, députée LR des Bouches-du-Rhône, auteur d’une des propositions de loi. Mais dans la mesure où l’on reconnaît des enfants nés par GPA à l’étranger, cet interdit n’existe plus! J’espère que l’on obtiendra au moins une réponse du gouvernement, qui l’an dernier avait renvoyé en commission le texte de Jean Leonetti, au motif qu’il était en train de réfléchir à des accords internationaux. Parce que depuis, malgré ces promesses, plus rien…»
Manif pour tous ce jeudi soir dans plusieurs villes
Même s’ils n’ont aucune chance d’être adoptés, les deux textes, déposés respectivement par Valérie Boyer et son collègue de la Manche Philippe Gosselin, sont très attendus par la Manif pour tous. «La proposition de loi de Valérie Boyer répond aux engagements pris, au nom de François Hollande et de son gouvernement, par le premier ministre, rappelle sa présidente, Ludovine de la Rochère. Pour les droits des femmes et des enfants, un soutien du gouvernement à cette proposition de loi est donc logique, d’autant plus que la ministre des Familles, Laurence Rossignol, a également exprimé son opposition à la GPA. Par ailleurs, au Conseil de l’Europe, ce sujet va être remis à l’ordre du jour de la réunion de la Commission des questions sociales des 21 et 22 juin à Strasbourg.» Le mouvement appelle à des manifestations ce jeudi à 19 heures, aux abords de l’Assemblée nationale et dans plusieurs grandes villes de France. Une mobilisation soutenue par d’autres mouvements, comme les Associations familiales catholiques (AFC).
Egalement impliqué dans l’appel No Maternity Traffic, rassemblant plus de 100.000 signataires européens pour l’interdiction internationale de la GPA, le mouvement Alliance Vita s’inquiète lui aussi de «la fragilisation du principe d’interdiction de la GPA depuis trois ans». «Ces deux propositions de loi font d’abord figure de test de résistance pour l’opposition actuelle, affirme Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita, qui a été auditionné par la Commission des lois. Aura-t-elle le courage d’afficher aujourd’hui sa fermeté unanime devant la maltraitance originelle que constitue toute forme de GPA? Ce pourrait être le signe précurseur d’un réveil éthique en perspective d’une alternance politique.»