Deux pays européens viennent coup sur coup d’écarter l’euthanasie : la Finlande, d’abord, le Portugal ensuite. Le 13 mai, les députés finlandais ont largement rejeté l’euthanasie, par 129 voix contre 60. Suivant l’avis de leur commission des Affaires sociales et de la Santé, ils ont créé un groupe de travail pour renforcer… les soins palliatifs.
C’est avec une plus faible marge que, le 29 mai, les députés portugais ont, à leur tour, refusé quatre propositions euthanasiques, celle des socialistes ne l’étant que par 5 voix d’écart (110 pour, 115 contre). Les autres textes venaient de l’extrême gauche, des Verts et… du Parti des animaux et de la nature. Confirmation de l’alerte que j’ai lancée la semaine dernière : la confusion entre l’homme et l’animal fait le lit de l’euthanasie…
La position argumentée du parti communiste portugais contre l’euthanasie a pesé. Pour ses quinze députés, provoquer la mort anticipée ne relève pas du « progrès social » mais « dégage la société de ses responsabilités ». Car le progrès social suppose « d’assurer les conditions d’une vie digne, de mobiliser tous les moyens, la science et la technologie pour surmonter la souffrance et la maladie et assurer l’inclusion sociale et le soutien de la famille ». Je signe des deux mains.
Il faut dire que les États européens qui n’ont pas légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté ont aujourd’hui un avantage : ils peuvent constater les dégâts dans les rares pays qui l’ont fait il y a plus de quinze ans. Les scandales – à moitié étouffés – s’y multiplient. En Suisse, le fondateur de la sulfureuse Dignitas a comparu en justice le 18 mai pour s’être enrichi sur le dos de personnes « suicidées » par son association ; en Belgique, la boîte de Pandore est ouverte : euthanasie des enfants, de patients qui ne sont pas en fin de vie, de personnes âgées démentes… Et explosion des euthanasies clandestines non-déclarées, estimées à 42% en Wallonie !
Avec des amis belges, nous sommes allés au Portugal pour rencontrer responsables associatifs et politiques quand le débat sur l’euthanasie a été lancé. Un mouvement de prise de conscience était en train de naître. D’après un récent sondage, 9 Portugais sur 10 estiment que la priorité est l’accès aux soins palliatifs plutôt qu’à l’euthanasie. Dans le bras de fer opposant deux conceptions antinomiques du progrès social, l’accompagnement de la vie vient de l’emporter sur l’administration de la mort. Les pronostics de ceux qui prétendent l’euthanasie inéluctable sont déjoués. Signal heureux !