Mardi matin, j’ai passé deux heures place Vendôme dans le bureau de la ministre de la Justice, avec quelques représentants d’associations opposées à l’organisation par l’Etat d’une PMA sans père. Est-il légitime d’utiliser la médecine et l’argent de l’assurance maladie, non plus pour pallier des problèmes d’infertilité, mais pour transgresser une loi universelle ? Pour procréer, il faut un homme et une femme. De quel droit amputer un enfant de toute référence paternelle et de la moitié de son origine ?
Nicole Belloubet nous a reçus aimablement, tout en nous demandant de ne pas débattre du principe de cette PMA sans père, mais plutôt du type de filiation à en déduire dans la loi bioéthique. Je vous passe les élucubrations généalogiques que le Conseil d’Etat a osé imaginer pour qu’on puisse prétendre qu’un enfant est né de deux femmes… Aucune n’est acceptable. Toutes sont fictives, mensongères pour les enfants concernés. Et méprisantes pour le père. À partir du moment où l’on affirme qu’il est escamotable, accessoire, superflu, c’est tous les hommes qu’on dévalorise. Alors que tant d’enfants souffrent toute leur vie du manque d’un père, on veut le décréter inutile. Ne soyons pas naïfs. J’ai débattu hier à la télévision avec le co-président de l’association des parents et futurs parents gays et lesbiens qui réclame cette PMA sans père, tout en ayant pratiqué pour lui et son compagnon la GPA à l’étranger. Il revendiquait en 2014 « la puissance de subversion » de l’homoparentalité. Je le cite encore : « Les homosexuels font exploser le modèle [familial], en prônant la co-parentalité et en revendiquant la possibilité d’avoir plus de deux parents. »
Alors, je n’ai pas joué le jeu proposé par Nicole Belloubet. Je lui ai expliqué que certains principes, ne souffrant pas d’exception, interdisent à la conscience la négociation. Entre la peste, la rage ou le choléra, le choix est truqué. Oserait-on, par exemple, nous demander de débattre des moins mauvaises modalités de mise en œuvre de lois racistes ? L’Etat n’a tout simplement pas le droit d’organiser la fabrication d’orphelins de père. Aussi, je ferai miennes les sages paroles du Premier ministre : « Nous nous opposerons résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins [et j’ajoute aujourd’hui les femmes célibataires] et à la GPA qui, au nom de l’égalité, ne manquera pas d’être réclamée par la suite. » C’était il y a 6 ans. Mercredi, Edouard Philippe s’est renié. Dimanche, soyons nombreux à fêter les pères. Et d’ici septembre, à les défendre.