L’embrasement de Notre-Dame de Paris, un lundi de semaine sainte, est un drame inoubliable.
Chacun se souviendra, je pense, de la façon dont il a appris ce sinistre et de son émotion, impuissant devant ce feu dévorant en direct les poutres de chêne des bâtisseurs de cathédrale, tout en ignorant à quel état de ruine la nef et ses trésors allaient être réduits.
Ayant juste achevé le livre du père Jean-Baptiste Nadler sur « Les racines juives de la messe », j’ai pensé avec compassion, ce soir-là, à l’immense peine du peuple Juif lors de la destruction définitive du Temple de Jérusalem, en l’an 70. Par contraste, la ferveur de « nos pères dans la foi », selon la formule de Benoît XVI, intacte vingt siècles plus tard, impose un grand respect. Comme le tweet du grand rabbin de France Haïm Korsia, faisant part de son « amitié » et de son « soutien en prières à l’Eglise catholique et (…) à monseigneur Aupetit ».
Dans le cadre du Courant pour une écologie humaine, je venais d’animer un atelier sur la pensée positive, dans l’esprit de Viktor Frankl. Ses participants avaient été invités à noter les « tuiles » ayant émaillé leurs vies pour y trouver des conséquences positives, instructives, bienfaisantes. L’atelier suggérait, à la prochaine mésaventure, de repérer ses effets positifs… D’oser les goûter, pour mieux traverser l’épreuve.
Et voilà donc qu’un incendie impensable a surgi. Malgré ma gorge nouée devant le spectacle, j’ai fait en direct l’exercice conseillé à mes amis. Au milieu de la pluie de feu qui s’abattait sur les pierres, c’est une pluie de grâce dont nous pouvons dresser la liste : humilité devant les forces naturelles, admiration pour le courage des pompiers, amour du patrimoine, respect du sacré, redécouverte de l’histoire, gratitude pour les générations passées, quête de nos racines, générosité internationale, rayonnement de la France, rare moment d’unité nationale, ferveur des catholiques – notamment des jeunes.
Pour certains, découverte d’œuvres d’art, et pour d’autres soulagement de les savoir sauvées, notamment celles dont la valeur spirituelle est inestimable… Ainsi que le coq et ses trois reliques, intactes tout comme la Couronne d’épines et le saint Sacrement. Sans oublier, l’absence de victime… Que de consolation, de lumière, de joie même au milieu du drame qu’on aurait tant aimé éviter ! L’or se vérifie au feu.
Bien sûr, les tribus gauloises n’ont pas tardé à s’entredéchirer à nouveau.
Mais je veux retenir et discerner en ce vendredi saint la lumière qu’on peut voir dans la Croix.
Une réflexion au sujet de « Joie dans la Croix (19 avril 2019) »