Vous souvenez-vous du débat qui faisait rage au précédent quinquennat ? On discutait d’une théorie du genre. Les uns l’accusaient d’envahir l’école ; les autres niaient son existence. Or, voilà qu’arrive une preuve de ses effets désastreux sur les femmes. Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge vient de faire le bilan de la réforme du congé parental de 2015. C’était la mesure phare de la loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes de Najat Vallaud Belkacem. Sa vision égalitariste des rôles parentaux l’avait conduite à réduire ce congé à deux ans par parent au lieu de trois, et à exiger que ce soit l’autre parent – c’est-à-dire le père – qui prenne le relais : « Nous assumons de réduire le droit des femmes« , déclarait le rapporteur de la loi au Sénat « pour qu’elles ne s’éloignent pas trop du marché du travail ». Selon Najat Vallaud Blekacem, 100 000 pères (au lieu de 7.000) allaient prendre ce congé dès 2017. Le dogme sous-jacent, toujours asséné en 2019, prétend que père et mère sont interchangeables, qu’il n’y a donc aucune raison que les prestations soient adaptées à une différence homme-femme qui n’existe pas.
En politique, l’idéologie fait faire de grosses bêtises.
Le congé parental révisé en 2015 est un naufrage social. Le recours à la prestation partagée d’éducation de l’enfant s’est effondré. En cause, selon le Haut Conseil, « [sa] forte inadaptation (…) aux besoins des familles, liée en partie à la faiblesse de son montant, à ses conditions d’attribution et à la réduction de sa durée. » Les experts constatent que malgré « la perte du droit à une prestation accompagnant l’interruption d’activité professionnelle, les mères sont restées inactives jusqu’aux 3 ans de leur benjamin, voire jusqu’à son entrée à l’école maternelle. » Résultat : leur baisse de revenu a provoqué le doublement du taux de pauvreté des familles dont la mère est en congé parental, passant à 33% : une sur trois !
Ce fiasco social a participé à l’éclosion des Gilets jaunes qui ont mobilisé beaucoup de mères précarisées. Visitant un rond-point en novembre dernier, François Hollande poussait les manifestants à se faire entendre. Son entourage annonce que l’ancien président a ajouté à la réédition de son essai qui sort le 3 avril en livre de poche un chapitre sur « sa compréhension des mouvements sociaux survenus cette année, notamment sur les gilets jaunes ». Rappelons le titre de son livre : Les leçons du pouvoir. Moi je dis qu’un « Nous nous excusons ! » vaudrait mieux que ses leçons.