Je viens de participer à Rome au séminaire organisé par le Dicastère pour le développement humain intégral pour célébrer les 10 ans de l’encyclique Caritas in veritate – La charité dans la vérité. Pour l’occasion, j’ai relu ce texte de Benoît XVI, chaque invité devant exprimer en cinq minutes la façon dont il éclaire son action au service du développement… Alors que l’actualité française est trépidante, cette lecture, stylo à la main, m’a permis de re-poser les choses. Les textes de la doctrine sociale de l’Église sont vraiment une nourriture pour l’esprit et un carburant pour l’action.
Une phrase de l’encyclique résonne toujours en moi : « La question sociale est radicalement devenue anthropologique ». Autrement-dit, définir l’homme est préalable à tout débat de société. Est-il un animal comme les autres ? Une simple machine ? Pourquoi affirmons-nous qu’il a une dignité spécifique ? Qu’est-ce que cela implique quand nous abordons les défis économiques, humanitaires, bioéthiques, écologiques ? Nous ne pouvons pas les traiter humainement avec une conception faussée de l’être humain, par exemple réductrice, qui l’ampute de sa dimension spirituelle ou le neutralise en niant la différence des sexes. Le matérialisme fait vite de l’être humain une variable d’ajustement, au risque de résoudre les problèmes à ses dépens, en négligeant le coût humain des solutions. Le pape François écrit d’ailleurs dans Laudato si’ : « Il n’y a pas d’écologie sans anthropologie adéquate ».
La parenté entre La charité dans la vérité du pape Benoît et Laudato si’ du pape François est forte. Le pape actuel cite souvent son prédécesseur. Sa préoccupation pour l’avenir de la planète s’inscrit aussi dans l’héritage de Jean-Paul II, dont l’encyclique l’Évangile de la vie voit dans « l’attention grandissante à l’écologie » un signe de vie.
Dans son tout dernier livre, Notre mère la Terre, qui prolonge Laudato si’, le pape François précise sa vision de la juste relation de l’humanité au reste de la Création, qu’il ne veut ni diviniser, ni mépriser. À la toute fin de ce texte, il fait part de sa « grande espérance » : qu’une relation moins possessive et plus respectueuse entre les hommes, et entre l’humanité et le reste de la Création, nous conduise sur le chemin d’« une fraternité universelle, comme celle que nous a montré saint François d’Assise, patron de ceux qui œuvrent à l’écologie, la véritable écologie humaine, parce qu’elle a la saveur de la manière dont Dieu sauve le monde. »
Pareille espérance renouvelle l’attente de Noël.