Je veux remercier ce matin Agnès Buzyn pour une grande campagne lancée mercredi. J’ai sous les yeux deux pleines-pages de journaux, signées du logo du ministère de la Santé. À côté d’une photo d’échographie, on lit dans 20 minutes :
« Un verre de vin sera le fruit d’un lent travail mais pas celui de votre amour, n’aura jamais autant de corps qu’un nouveau-né dans vos bras, ne deviendra pas votre portrait en grandissant, et ne vous réchauffera jamais autant le cœur que les 37 ° C de votre enfant tout contre vous. Alors pendant 9 mois, même au mariage d’une amie, demandez-vous si ce « petit verre » en vaut vraiment la peine. »
Même tonalité dans une page de l’autre gratuit CNews : » Un kir royal n’aura jamais de bulles aussi légères que ces 3 kilos 100 bientôt dans vos bras, ne fera pas exploser votre cœur en prononçant le mot « Maman » pour la première fois, ne vous offrira pas de dessins maladroits qui vous sembleront pourtant les plus beaux de la Terre, et ne remplira pas votre vie comme cet enfant que vous portez. Alors pendant 9 mois, même pour fêter le nouvel an, demandez-vous si ce « petit verre » en vaut vraiment la peine. »
Voilà, Madame la ministre, je suis heureux de relayer cet appel émouvant à protéger les vies les plus fragiles, si invisibles qu’on ne sait que depuis peu le mal que peut leur faire l’alcoolisation, même légère, de leur mère. Je salue aussi votre choix d’humaniser le fœtus par une photo, pour nous faire prendre conscience qu’au plus intime loge quelque chose de précieux, ou plutôt quelqu’un. N’est-ce pas ce que le président d’un syndicat de gynécologues-obstétriciens a exprimé, lorsqu’il a répondu à la toute dernière question – question piège a-t-il découvert plus tard – de l’émission Quotidien ? Il a parlé de vie, pour expliquer son recours à la clause de conscience, la raison pour laquelle il se sent incapable de pratiquer l’IVG. La journaliste a nié qu’il s’agisse d’une vie, invoquant la loi. Un scandale a embrasé les médias, et vous avez très vite condamné le médecin, publiquement.
Là, madame la ministre, je ne vous comprends plus. Où est la cohérence ? Le jour même où votre ministère rappelle aux femmes que le bébé qu’elles attendent n’est plus vraiment leur corps – dont certaines revendiquent de disposer librement – et qu’elles doivent s’abstenir de boire pour sa santé… Oui, le même jour, vous vilipendez ceux qui rappellent que c’est une vie ! La contradiction est éclatante. Loin de toute idéologie, votre campagne montre heureusement l’essentiel, le réel, la vie ! Pour elle, merci.
4 réflexions au sujet de « Merci Madame Buzyn ! (14 septembre 2018) »