Pour Tugdual Derville, « Manuel Valls incarne la gauche répressive »

PROPOS RECUEILLIS PAR HENRIK LINDELL pour la Vie

©Christophe Petit Tesson

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Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita, estime que le nouveau Premier ministre préfère le rapport de force à la concertation.

La conformation politique de Manuel Valls, souvent tranchée, l’amène à désigner des boucs émissaires. Je ne peux pas oublier ses violences verbales à notre égard ni la répression policière qu’il nous a fait subir. La Manif pour tous et les Veilleurs sont des mouvements pacifiques, mais pour lui nous étions quasiment des ennemis de la République. Cette position correspond à ses opinions radicales. Il faut se souvenir qu’il était le candidat le plus favorable à l’ouverture de la gestation pour autrui (GPA) et de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les personnes homosexuelles à l’époque des primaires du Parti socialiste. Il militait pour l’euthanasie quand il était député. Sa proposition de loi du 19 novembre 2009, un texte très radical, envisageait la possibilité de décider et réaliser l’euthanasie en un délai record de 24 heures !

Je pense que sa doctrine est surtout individualiste. Il privilégie l’individu-citoyen et l’État, mais il néglige les corps intermédiaires, comme la famille et les associations. Manuel Valls fonctionne comme un jacobin bonapartiste : il incarne la tradition d’une gauche répressive ; il se complaît dans un vocabulaire de combat ; il engage en permanence des rapports de forces. Et réprime ceux qui ne sont pas d’accord avec lui.

Cette attitude permet de comprendre sa popularité. Trop de Français se laissent fasciner par les leaders qui lèvent le menton, même s’ils ont un discours dur envers les plus faibles. On se souvient de ses propos sur les Roms. Cela dit, Manuel Valls est aussi un stratège qui sait s’adapter. S’il veut devenir Président, je pense qu’il s’ajustera à la fonction de Premier ministre, suivant la maxime inversée : l’habit fait le moine.

Après tout, c’est lui qui a sonné le retrait des projets gouvernementaux en matière familiale. Le lendemain de notre mobilisation réussie du 2 février 2014 contre la familiphobie, Manuel Valls a garanti que le texte du projet de loi Famille ne porterait ni sur la GPA, ni sur la PMA pour deux personnes de même sexe. Cela montre qu’il sait reculer quand la situation l’exige.  Mais l’attrait que Manuel Valls, en tant qu’homme à poigne, exerce sur les Français m’interroge : sera-t-il un artisan de paix ?

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