Vingt-sept députés viennent de signer une proposition de loi pour protéger les enfants. Les protéger de qui ? De leurs parents ! Leur texte entend précisément « interdire toute violence éducative ordinaire ». Selon l’exposé des motifs, 87% des enfants (autant dire la totalité) subiraient quotidiennement par leurs parents « des pratiques punitives et coercitives ». Leur liste établie par les députés – dont la présidente de la Commission des affaires sociales – ne se limite pas aux gestes violents. Y sont amalgamés la « violence verbale : moqueries, propos humiliants, cris, injures… » et la « violence psychologique : menaces, mensonges, chantage, culpabilisation… »
Une loi en faveur d’une « éducation non-violente » ? Louable intention ! L’initiative peut nous faire réfléchir sur tous les dérapages dont nous savons que des enfants risquent de souffrir leur vie durant, avant de les faire subir à leur descendance, selon le principe de la répétition.
Adepte de la communication non-violente, je suis favorable aux modes d’expression respectant chaque personne. Mais la loi peut-elle s’immiscer dans la cellule familiale pour prétendre rééduquer les parents, massivement ? Attention ! Tout totalitarisme étend son emprise idéologique sur la famille ; certains libertaires prônent une forme de nationalisation des enfants ; des dictateurs ont déjà puni la transmission de la foi comme un mensonge…
Bref, un État qui veut faire l’ange (justicier) fait vite la bête. Les bons apôtres qui pensent interdire aux parents les cris et les moqueries font preuve d’une naïveté rousseauiste. L’enfant n’est pas doux par nature. Et il n’a pas besoin de subir la violence pour manifester la sienne, surtout contre sa mère. S’il est une violence que les parents ont besoin de réguler avec tact et fermeté, c’est d’abord celle des enfants. L’enfant roi, jamais frustré, devient vite un tyran domestique, inapte à la vie en société.
Si l’État veut vraiment éradiquer les violences psychiques subie par les enfants, qu’il les reconnaisse toutes pour les prévenir : pensons à l’absence du père et – sans jeter la pierre à personne – aux fractures conjugales que les enfants prennent toujours en pleine figure. Pensons à la pornographie, contre laquelle les parents attendent l’aide de l’Etat…
Et que dire des mensonges anthropologiques désormais assenés aux petits français ? On leur prétend qu’il est indifférent d’avoir son père et sa mère ou bien deux mamans ou deux papas. Le législateur devrait faire preuve d’humilité.