Depuis quelque temps, une forme de burn out collectif menace nombre de chrétiens, même si beaucoup – notamment parmi les jeunes – continuent de se retrousser les manches, de s’engager, d’innover, avec le regain de ferveur propre aux minorités créatives.
Il reste que d’autres donnent des signes de découragement. Les repères dans lesquels ils avaient mis leur confiance sont fragilisés. L’avenir leur semble de plus en plus incertain.
Le monde profane découvre la collapsologie, théorie de l’effondrement sur fond de catastrophe environnementale. Les chrétiens ne sont pas épargnés. Mais c’est depuis longtemps que beaucoup assistent à un effondrement de civilisation. Et comment endiguer la montée de l’islamisme avec un christianisme affaibli ? Pendant la Troisième République, la morale chrétienne avait résisté ; les instituteurs anticléricaux la professaient à l’école autant que les curés en chaire : valeur de la parole donnée, fidélité conjugale, force du pardon, respect de la vie. Ce n’est plus le cas ! Ce qu’on nomme les valeurs de la République est même en partie devenu incompatible avec la morale chrétienne, que beaucoup de chrétiens ont d’ailleurs délaissée. D’autres ont trouvé refuge dans des communautés nouvelles, derrière de grandes figures spirituelles qui promettaient le renouveau… Et voilà qu’une proportion considérable de ces figures a chuté. Parmi les auteurs de graves abus figurent certains ardents défenseurs de la morale sexuelle. Ceux qui les auraient canonisés ne savent plus à quel saint se vouer. Pendant ce temps-là, de Rome, s’annoncent, sur des thèmes sensibles, des perspectives de chamboulement qui accentuent l’incertitude de tous… Il n’est pas anodin de noter que les prêtres sont désormais au cœur du cyclone. Suspectés ou insécurisés. Alors que faire ?
Je garde en mémoire de lumineuses vies de saints lues dans l’enfance. Ces derniers temps, j’ai découvert des biographies qui m’ont à la fois édifié et consolé. Je pense au récent et magnifique « François de Sales, gentilhomme de Dieu » par Patrick de Gmeline, ou au plus classique « Paul de Tarse » de Joseph Holzner, dont certaines pages semblent écrites pour aujourd’hui. Ce sont deux épopées propres à relativiser nos inquiétudes. Les saints sont actifs et paisibles, inscrits dans leur histoire sans céder à ses dévoiements, fidèles à l’Église sans sombrer dans la mondanité. Et Dieu sait s’ils ont souffert de ce qui nous fait souffrir ! Il n’y a donc aucune raison de se décourager : il suffit de s’enraciner dans le Christ.