A l’occasion de la conférence que j’ai tenue à l’Université Catholique de l’Ouest (UCO) à Angers, mardi 18 février 2014, sur le thème de l’écologie humaine, une poignée de militants politiques nous a fait une méchante démonstration d’agit-prop, technique éprouvée de manipulation de l’opinion qu’il est utile de décrypter. Cette technique aux relents totalitaires vise à détourner un événement au profit d’une idéologie en tordant autant que nécessaire la vérité.
J’ai relevé une recette aux petits oignons en 4 phases et 8 étapes.
Phase 1 : L’intimidation
- Dénigrer : La veille du jour J, via les réseaux sociaux, contester la légitimité d’un orateur annoncé, en l’affublant par avance de toutes sortes de noms d’oiseaux (« intégriste », « obscurantiste »…).
- Rameuter : Prévenir qu’on empêchera le dangereux orateur de parler, au nom d’une lutte contre l’extrémisme (« no pasaran »). Appeler à manifester contre lui dans la rue à proximité du lieu, pour faire monter la pression.
Provoquer ipso facto la vigilance des organisateurs.
Phase 2 : La perturbation
- Infiltrer : Renoncer à la micro-manifestation mais se rendre à la conférence dans l’intention de la perturber au moment favorable. 10 militants suffiront pour passer à l’action dans un public paisible de 600 personnes.
- Provoquer : S’approcher de la tribune (au moment des questions-réponses écrites) et générer un brouhaha déstabilisateur empêchant progressivement la poursuite de la séquence. Exiger le micro au nom du « débat démocratique », comme s’il s’agissait d’un débat.
Provoquer ipso facto la réaction du service d’ordre : se faire expulser de la salle.
Phase 3 : La victimisation
- Faire mousser : Se rendre à l’hôpital et au commissariat de police. Affirmer avoir été violenté et blessé en coulisses. Même si ces démarches n’aboutissent pas faute de preuves (absence de certificat médical ou certificat vierge, absence de traces des « coups au visage »…), elles augmentent votre chance de manipuler les médias.
- Médiatiser : Alerter les journalistes (téléphone, Twitter etc.) en exploitant l’appétit de la presse pour la controverse ; s’imposer comme interlocuteur ; jouer sur « l’égalité de traitement » pour faire parler de vous en ignorant les 600 auditeurs satisfaits… Vous obtiendrez des titres simplificateurs à votre seul avantage (exemple : « Deux étudiants blessés lors d’un débat » ; « La conférence dégénère »). Viser la presse locale d’abord, puis la presse nationale. Elles se copient.
Pour assurer le succès de cette phase, il faut vous assoir sur la vérité.
Phase 4 : L’exploitation
- Cibler : Oublier le conférencier. Designer comme bouc-émissaire l’autorité que vous voulez abattre pour déstabiliser une institution. Utiliser sa bienveillance pour l’obliger à vous recevoir. Toute concession sera assimilée à un aveu : vous avez mis le pied dans la porte.
- Harceler : Passer au mode hallali en lançant une manifestation de protestation amalgamant les sujets. Utiliser les articles manipulés pour obtenir des ralliements. Réveiller les durs. Anesthésier les mous. Enfin, « médiatiser la médiatisation ». Un seul but: faire craquer votre cible. Au pire, l’affaiblir.
L’agit-prop tire profit d’un événement : elle le parasite et le détourne jusqu’à faire oublier son contenu et même son titre. Spectateurs et orateurs sont utilisés comme des « clowns blancs ». Réduits au silence, ils deviennent le faire-valoir de l’idéologie libertaire.
Peut-on salir le succès d’une conférence en l’associant à l’idée de violence alors qu’elle prônait justement la non-violence ? À court terme, oui. La preuve en est faite. Mais les centaines d’auditeurs auront entendu le message de protection de la personne humaine porté par le Courant pour une Ecologie Humaine. La paix ne fait pas de bruit. Mais rien ne peut l’empêcher d’avancer… Quant à l’UCO, l’institution attaquée dans cette affaire par quelques-uns de ses étudiants, je souhaite qu’elle ait tous les moyens de préserver et faire fructifier le précieux trésor de son identité.
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