À propos du mariage homosexuel et de l’adoption par ces couples, le point de vue du délégué général de l’association Alliance Vita.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’opinion des Français sur l’adoption par les couples de même sexe?
Leur réaction est différente selon qu’ils se placent du point de vue des adultes ou du point de vue des enfants. Jusqu’à maintenant, on parlait de «mariage pour tous». Les Français commencent à mesurer que ce droit implique celui d’adopter des enfants. Des voix s’élèvent pour prendre leur défense. Si l’on se met à la place d’un enfant en attente d’une famille d’adoption, cela saute aux yeux qu’il a besoin d’un papa et d’une maman.
Quelles sont vos principales réticences?
Deux papas ne remplacent pas une maman et deux mamans ne remplacent pas un papa. Tout le débat sur la parité trouve son fondement dans la parité originelle père/mère au sein du couple. Imposer à un enfant l’idée qu’il pourrait avoir deux pères ou deux mères, ce serait un mensonge d’État. En réalité, ce projet cède à des revendications très minoritaires mais touche à ce qu’il y a de plus précieux dans notre société: la structuration de la famille au service de l’enfant. On nous parle d’égalité, mais c’est justement l’égalité entre les enfants qu’il faut protéger. Priver délibérément l’enfant d’un père ou d’une mère serait une discrimination inacceptable.
Mais les Français restent favorables au mariage pour les couples de même sexe…
Ils n’ont pas conscience que le mariage institue la famille et que ce projet bouleverserait sa définition.
La mobilisation contre le projet de loi ne semble pas très forte. Pensez-vous qu’elle puisse s’amplifier?
Le débat est en train de monter avec des lignes d’opposition finalement puissantes et diverses. Beaucoup de maires, par exemple, sont concernés en tant qu’officiers d’état civil et entrent en fronde. À gauche comme à droite. Des professionnels de l’enfance prennent la parole pour éviter que des décennies de découvertes sur l’importance du père et de la mère dans la construction psychique de l’enfant ne soient balayées. Je perçois la montée d’une contestation qui rassemble des personnes attachées, au nom de tous les enfants, à un repère majeur de notre société que ce projet entend saper. Nous voulons sensibiliser le grand public sur la portée d’une réforme qui concerne tous les Français avec des manifestations contre le projet de loi dans 75 villes le mardi 23 octobre prochain.