Ah ! La rentrée ! On l’aimerait douce, tranquille, progressive. Et nous voilà déjà dans l’arène.
Tout a commencé en août à l’Université d’été d’écologie intégrale. Mes échanges avec deux femmes devant les participants à cette belle session, autour de l’écologie, du corps et du féminisme ont été paisibles et, je l’espère, fructueux…
Mais, ensuite, un participant m’a publiquement accusé de manifester une obsession coupable sur des sujets sociétaux secondaires qui divisent. Il pensait à la loi bioéthique, notamment à la PMA sans père. J’ai encore dû me justifier en citant Emmanuel Mounier – « Je préfère le désordre à l’injustice » – et rappeler le motif de mon engagement : la raison du plus faible – ici l’enfant – qui devrait être l’honneur de toute démocratie.
Ensuite, dès le mardi 27 août, a eu lieu notre audition publique à l’Assemblée nationale devant la Commission spéciale sur cette loi bioéthique, qui sera débattue à partir de mi-septembre. Là encore, certains parlementaires ont été accusateurs : « Est-ce que vous mesurez l’écart entre la somme de vos peurs et la réalité ? » a lancé un député dans une question qui n’en était pas une… Nous pouvions la lui retourner, car cette loi se fonde sur le déni de la réalité : déni de l’injustice qu’on inflige à des enfants que l’on priverait de père, déni de l’humanité de l’embryon dont on se permet de manipuler le génome, déni de l’eugénisme qui fait de la France le pays le plus sélectif au monde pour ceux qui, non encore nés, sont porteurs de handicap…
Un autre député, plus aimable, a cru bon de confesser d’abord son catholicisme et les convictions qu’il en tire, pour invoquer ensuite la laïcité et garantir qu’il ne tiendrait aucunement compte de ses convictions pour servir l’intérêt général. Après l’audition, j’ai discuté avec lui plus personnellement. N’y a-t-il pas là incohérence ? Que dirait-on d’un élu antiraciste proclamé qui voterait des lois racistes – par exemple d’apartheid – au nom d’un prétendu intérêt général ?
S’il est juste de lutter sans compromission contre la xénophobie, la violence machiste et la destruction des écosystèmes, en quoi serait-il injustifié de lutter de la même façon pour protéger les enfants des bricolages procréatifs, les personnes handicapées de l’eugénisme ou les embryons des manipulations génétiques ? Il est des causes qui ont si mauvaise presse que certains semblent prêts à des justifications absurdes pour s’en dégager.
Pour moi, la bienveillance appelle à veiller au bien de tous, sans abandonner personne.
Une réflexion au sujet de « Causes interdites (06 septembre 2019) »