Il arrive que nous nous retrouvions au cœur d’évènements dont nous réalisons sur le moment qu’ils figureront dans les livres d’histoire. Mais il est rarissime qu’un tel évènement nous concerne pratiquement tous, individuellement et collectivement, à l’échelle de l’Humanité. Nous y sommes avec ce COVID-19. La pandémie – c’est le sens de ce mot – touche désormais toute la planète, même si elle se concentre sur les zones tempérées. Elle modifie déjà nos façons de vivre, d’entrer en relation, de travailler, de nous détendre, de prier… Elle peut nous contraindre – c’est déjà le cas ailleurs – à remettre en cause notre liberté de nous réunir et d’aller et venir. Elle pourrait avoir un impact déterminant sur des questions économiques, sociales, environnementales, stratégiques, culturelles…
Cette pandémie met chacun d’entre nous en demeure de se positionner personnellement entre l’individualisme intégral et la solidarité, entre le « chacun pour soi » voire le « sauve qui peut » et l’héroïsme ordinaire dont font déjà preuve de nombreux soignants… Faut-il avouer que le COVID-19, en dérangeant tout, système éducatif, sanitaire, politique, jusqu’aux célébrations pascales, nous frappe pour le meilleur autant que pour le pire ?
On vérifie l’or au creuset. Au feu de l’épreuve. Et voilà un incendie mondial qui nous vérifie : suis-je capable de faire passer mon intérêt personnel derrière celui des personnes les plus fragiles qui sont les plus menacées ? Est-ce que je n’applique les consignes des instances sanitaires que pour me protéger ou aussi pour protéger les autres, ou encore toute la société ?
Tour à tour menacé ou suspect, selon les poignées de main ou de porte que nous avons saisies, dans le secret de quatorze jours de contagion, chacun est appelé par sa conscience à d’humbles petits gestes invisibles qui peuvent sauver des vies.
On sait désormais que ce virus sournois est capable de se dissimuler en nous longtemps tout en contaminant des personnes fragiles dont il pourra tuer une proportion notable. Pour la conscience des plus jeunes et des plus forts (et de ceux qui ont quelque raison de se croire assez solides pour l’encaisser), c’est comme si une fameuse question-clé, prisée des philosophes, se posait : « Que ferais-tu si tu étais à la fois invisible et invincible ? » Nous connaissons la cruelle réponse du virus. A chacun de donner la sienne – docilement et paisiblement – par les petits gestes discrets que les autorités sanitaires nous suggèrent. Une réponse humaine, preuve d’amour pour toute l’humanité fragile.