Avec l’hégémonie du PS à l’Assemblée nationale, la régression de la protection de la vie et de la structure de la famille est-elle certaine ?
Alors qu’à l’élection de François Mitterrand en 1981 la peine de mort avait été abolie par la gauche, c’est l’interdit de tuer que la majorité de François Hollande pourrait lever pour les personnes atteintes de graves affections. La mesure 21 du candidat le prévoyait implicitement.
Certes, le mot euthanasie n’est toujours pas prononcé, et, sur ce sujet, la prudence de l’exécutif reste notable. C’est cette retenue qui pourrait même avoir provoqué la proposition de loi solitaire du sénateur Courteau. L’élu PS de l’Aude a généré une bouffée d’inquiétude, mais son texte n’a pratiquement aucune chance d’être débattu. Toutefois, si l’exécutif tarde à agir, une initiative parlementaire plus organisée ne peut être exclue. Du côté gouvernemental, on ne peut ignorer qu’ouvrir la porte à l’euthanasie revient à bouleverser un système de santé fragile mais qui a fait ses preuves.
L’Association pour le droit de mourir dans la dignité, pré-positionnée à l’hôpital par le biais de son statut de représentant des usagers, est prête à y organiser l’euthanasie, mais elle est déjà vue par beaucoup comme une menace pour la relation soignants-soignés.
Paradoxalement, la crise économique pourrait inciter le PS à la retenue : comment faire comprendre qu’entrouvrir la porte à l’administration légale de la mort ne serait pas motivé par la nécessité de limiter les dépenses de santé, argument sordide clairement avancé par les tenants de la prétendue « mort dans la dignité » ?
Les exemples belge, hollandais et suisse montrent qu’on ne peut envisager l’euthanasie sans dérives ni scandales. En son temps, celui du sang contaminé a beaucoup coûté à la gauche, jusqu’à briser la carrière de quelques éléphants. Conscient par ailleurs qu’une bonne partie des soignants de soins palliatifs ont « le cœur à gauche », le gouvernement pourrait être tenté d’interpréter restrictivement sa mesure 21, sans donner l’impression de basculer vers la mort administrée. Y parviendra-t-il ? Une vaste mobilisation contre l’euthanasie l’y aiderait, le moment venu. Elle se prépare.
Moins coûteuse — à court terme — et encore plus symbolique au plan idéologique, la démolition de l’institution familiale qui semblait plus imminente ne serait pas pour l’été 2012 : la porte-parole du gouvernement l’envisage pour le printemps 2013.
Il s’agit finalement d’abolir la parité homme-femme au sein du couple des parents, au travers de l’ouverture au mariage civil pour deux personnes de même sexe, en prétextant que l’enfant n’a nul besoin d’être élevé par deux personnes de sexes complémentaires.
Utiliser ce type de réforme pour changer la société, c’est une posture assumée par le projet socialiste, et plus encore par les alliés du PS. Tous fustigent le conservatisme de la nouvelle opposition. Leur innovation sociétale passe par la sémantique et le droit : on s’escrime à mettre famille au pluriel et parents au singulier ; on crée de toutes pièces les notions d’« homoparentalité » puis d’« homofiliation » pour inscrire le tout dans le droit… Peu importe qu’il faille fusionner la fête des mères avec celle des pères en « fête des parents ». Dans l’Éducation nationale, de nombreux instituteurs ont déjà abandonné les cadeaux aux papas devant la proportion d’élèves qui ont perdu tout contact avec leur géniteur… C’est là qu’on constate l’utilisation des douloureuses fractures familiales et des difficultés affectives des adultes comme alibi pour achever la déstructuration.
L’exemple est donné au sommet de l’État où l’institution du mariage est boudée.
Pour ceux qui savent que la culture libérale-libertaire en marche menace les plus fragiles, en affranchissant son anthropologie de toute nature, que faire ? Des stratégies s’ébauchent. Elles doivent impérativement rassembler le plus largement possible et refuser l’enfermement dans la caricature. Plutôt que de mettre en avant des arguments idéologiques voire religieux, immédiatement marginalisés, ce sont les vraies victimes des réformes envisagées qui seront les meilleures porte-parole de la résistance.
Au Parlement, l’élection de plusieurs députés solides, à l’image du PCD-UMP Jean-Frédéric Poisson qui vient de reconquérir sa circonscription des Yvelines, doit permettre à la dimension politique de cette résistance de donner de la voix de façon crédible. Par essence, tout découragement est interdit.