« Il faut se mobiliser fortement pour porter la voix du plus fragile, l’enfant » CNews, 24 juillet 2019

Tugdual Derville était l’invité de CNews le 24 juillet 2019 pour réagir au projet de loi bioéthique présenté en Conseil des ministres ce même jour.

 

Quelques verbatim de cette intervention :

On ampute un enfant d’un père, et l’immense majorité des Français (91%) estiment que le père a un rôle essentiel à jouer. Nous accompagnons avec Alliance VITA de nombreuses femmes en difficulté, seules ; Un tiers des familles monoparentales vit sous le seuil de pauvreté, et on va financer par la Sécurité sociale la fabrication d’enfants privés de pères délibérément ! C’est une absurdité !

Nous nous mobilisons depuis longtemps ; j’ai pu exprimer au président de la République directement nos arguments absolument fondés : la préservation de l’intérêt supérieur de l’enfant qui ne mérite pas d’être privé d’un père, la médecine qui ne doit pas être détournée au profit d’actes qui ne sont pas médicaux.

Aujourd’hui, avec le mouvement des Gilets jaunes, on a vu que les Français souffrent de précarité et voilà qu’on va précariser des enfants qui n’ont pas de voix ? L’enjeu est politique ! J’observe qu’on ne tient pas compte de l’intérêt supérieur de cet enfant.

Il y a, derrière la PMA sans père, beaucoup de mesures qui sont prises, comme l’auto-conservation ovocytaire ; on va dire aux femmes : « congelez vos ovocytes, vous ferez des enfants plus tard, après avoir fait carrière, ça arrangera peut-être vos employeurs », alors qu’une femme sur quatre seulement qui congèle ses ovocytes peut ensuite, au prix du parcours du combattant de la FIV, avoir un enfant !

On marche vraiment sur la tête, il y a une colère qui gronde, qui s’est exprimée par l’annonce, par une vingtaine d’associations dont Alliance VITA, d’une grande mobilisation nationale la dimanche 6 octobre 2019 à Paris.

Je réponds [aux femmes qui font des PMA à l’étranger] bienvenue à leur enfant, je lui souhaite beaucoup de bonheur, mais il ne faut pas passer sous silence la maltraitance originelle : il n’est pas légitime de priver délibérément un enfant de son père ! Il n’est pas légitime non plus que la société finance cette injustice pour les enfants.

Nous souffrons beaucoup trop d’un manque de pères, d’un manque de repères. Pour faire un enfant, il faut un homme et une femme, et c’est heureux : cette parité originelle est majeure dans notre histoire généalogique.

Il faut compter plusieurs milliers d’euros par PMA. On vient de dérembourser partiellement des médicaments contre l’hypertension artérielle ; et voilà qu’on va rembourser à 100 % cette injustice ! Les Français ont besoin d’une médecine et d’une Sécurité sociale qui soient curatives, et pas des moyens de répondre à des exigences qui sont, en fait, de convenance.

On va détruire des dizaines de milliers d’embryons aujourd’hui congelés dans nos laboratoires, parce que cette loi oblige à repartir à zéro. On va obliger les donneurs à donner leur nom, sinon ils ne donneront pas. On va déstabiliser tout le système, que nous avons d’ailleurs largement contesté avec Alliance VITA, car cette promesse d’anonymat faite aux donneurs était abusive.

L’utilitarisme anglo-saxon est à nos portes : des étudiantes espagnoles en difficulté vendent leurs ovocytes, ces cellules les plus précieuses de leurs corps ; est-ce là un progrès pour les femmes ? Aux Etats- Unis, il y a un marché secondaire de l’adoption ; faut-il imiter ce marché où des enfants sont revendus au plus offrant ? C’est un scandale !

La question qui se pose derrière est : est-ce que c’est l’individualisme qui va primer ? Est-ce que tous les désirs, aussi beaux, aussi forts soient-ils, vont s’imposer au plus fragile, au plus faible, à l’enfant ?

Malheureusement, la GPA est la prochaine étape bien sûr : on nous avait dit exactement la même chose au moment de la loi Taubira, il était hors de question qu’il y ait la PMA, et maintenant la voilà. Emmanuel Macron a pu nous dire que la GPA ne serait pas dans la loi. Qu’est-ce qu’on voit ? Que plusieurs de ses ministres se sont positionnés pour cette nouvelle instrumentalisation du corps de la femme. Il y a une logique de déconstruction.

Je suis d’accord avec le premier ministre quand il a lui-même exprimé qu’il s’opposerait résolument à la PMA, et à la GPA qui est l’inéluctable issue de cette réforme, au nom de l’égalité. Il a changé d’avis, parce que les politiques malheureusement retournent leur veste en fonction de ce qu’ils croient juste pour leur carrière personnelle.

Pour notre part, nous sommes engagés auprès des enfants, et j’appelle les Français à voir ce qu’il y a derrière cette loi. Bien sûr il y a des situations personnelles qu’il faut accompagner, et il ne s’agit pas de jeter la pierre à des personnes qui ont transgressé nos lois éthiques à l’étranger.

Mais ce n’est pas une raison pour se coucher devant la prise d’otage qu’ils font, il faut donc se mobiliser très fortement, avec une colère qui est légitime, car il s’agit de porter la voix du plus fragile, de l’enfant.

 

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