« La PMA pour toutes », qui a fait l’objet d’une proposition de loi avortée mi-juillet, est l’arbre qui cache la forêt des transgressions, avertit le Délégue général d’Alliance VITA, Tugdual Derville
Tribune parue dans Valeurs Actuelles n°4266 (30 août-5 septembre 2018).
Tous les sept ans la France révise sa loi bioéthique. À chaque fois s’emballe une agitprop qui pousse à de nouvelles dérives. J’ai pu le vérifier au cours d’un dîner à l’Elysée le 23 mai dernier sur le thème « PMA, embryon et génomique » : la mainmise de la technique sur la procréation interdit toute remise en question des dérives déjà légalisées. J’ai donc plaidé devant le président de la République pour qu’on aborde autrement ces enjeux. Au nom de l’écologie humaine qui prend soin de toute l’humanité et de chaque être humain dans un environnement protecteur durable, je lui ai demandé de promouvoir deux grandes causes de santé publique.
D’abord, au lieu de débattre d’une prétendue « PMA pour toutes » qui escamote le père, luttons contre l’infertilité qui explose ; dévoilons ses causes, qu’elles soient environnementales, notamment avec les perturbateurs endocriniens, ou comportementales avec l’âge tardif des grossesses ; engageons enfin des stratégies préventives et médicales. N’étant pas vraiment thérapeutique, la PMA ne satisfait pas pleinement les couples. Or, elle s’impose précipitamment sans leur offrir toutes les chances de trouver la cause de l’infertilité pour la soigner.
Ensuite, au lieu d’intensifier la sélection des embryons, luttons contre l’eugénisme prénatal : la France en détient le triste record du monde ; en cause, son système de santé « performant » et son mode de financement. Alors que notre loi proscrit l’eugénisme, tout est fait pour empêcher les bébés handicapés de naître. Paradoxal, alors que les précieux visages des personnes trisomiques émergent enfin dans l’espace public. Or, avec les nouveaux tests sur les cellules fœtales circulant dans le sang maternel et les progrès de la génomique, le tri anténatal risque de connaître une dramatique recrudescence.
Las, la plupart des experts invités par le président Macron ont plaidé pour de nouvelles transgressions, chacune dictée par une situation personnelle ou une profession : accès au don de sperme pour femmes seules et à la GPA pour hommes vivant à deux, congélation ovocytaire « de précaution » incitant les femmes à procréer par FIV après leur carrière, naissance d’enfants par PMA après la mort de leur père, screening accru des embryons avant implantation, dérégulation de la recherche sur l’embryon humain, etc. Car attention ! La prétendue « PMA pour toutes » qui mobilise beaucoup d’attention est l’arbre qui cache la forêt bioéthique. D’autres dérives tout aussi graves, et même davantage par leurs conséquences sur l’humanité, pourraient être avalisées sans débat sérieux : fabrication d’embryons hybrides homme-animal, bricolage d’embryons humains génétiquement modifiés par la technique du CRISPR-cas9, fécondation in vitro aboutissant à des bébés à trois parents génétiques… Des scientifiques qui parlent fort ne sont pas à l’abri des conflits d’intérêts ; ils instrumentalisent la souffrance ; certains professent l’utilitarisme d’un Francis Crick, codécouvreur de la structure de l’ADN qui osait : « Aucun enfant nouveau-né ne devrait être reconnu humain avant d’avoir passé un certain nombre de tests portant sur sa dotation génétique. S’il ne réussit pas ces tests, il perd son droit à la vie. »
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