« Heureux les doux : ils possèderont la terre en héritage. » Je m’accroche à cette promesse pour garder le mode d’expression paisible que j’ai choisi en conscience. Mais j’avoue qu’à l’intérieur, ça peut bouillonner, quand certains contradicteurs s’acharnent à jeter de l’huile sur le feu.
Ce fut le cas au récent Forum européen de la bioéthique de Strasbourg. Son titre général était : « Mon corps est-il à moi ? » Invité à débattre sur le sous-thème de l’IVG, j’apprends que des groupes veulent m’empêcher de parler. Inquiets, les organisateurs m’assignent un garde du corps qui ne me lâchera pas d’une semelle. Ambiance ! Au moment où je suis présenté, de façon à la fois aimable et caricaturale, je suis hué par une partie du public. Défendant ma présence, au nom du débat, l’animatrice obtient le calme tout en marquant son hostilité à mes convictions. J’espérais de vrais échanges sur la question pertinente de la place du (ou des) corps dans l’avortement. Mais la première oratrice n’aborde en rien cette question. Elle prononce juste un plaidoyer pour le « droit à l’IVG ». Puis, dénonçant mon catholicisme, que je n’ai pourtant pas professé, elle m’accuse d’être responsable des morts maternelles subies lors des avortements clandestins. Et de conclure en reprochant à l’Eglise catholique son hostilité à l’IVG comme une infidélité au message du Christ ! Comme si l’Église cautionnait les avortements clandestins… Vient mon tour de parler : j’explique que, si la question de l’avortement reste si sensible, c’est bien en raison de la présence d’un autre corps émergeant dans celui d’une femme enceinte. Je témoigne surtout de l’ambivalence inhérente à la découverte de la grossesse (joie et inquiétude simultanées) et des pressions abortives subies par beaucoup de femmes. Il faut en tenir compte pour donner sa chance à l’autre vie ! Découvrant nos points d’entente, mes interlocutrices ont le courage de les reconnaître publiquement, même si j’essuie un flot de critiques et de questions-pièges des groupes hostiles.
Sur le coup, j’ai vécu ce long débat paisiblement, mais, éveillé au milieu de la nuit suivante, j’ai trouvé injuste et pénible d’être pratiquement traité de meurtrier sur un sujet où je suis engagé pour la vie fragile. Et voilà que Marlène Schiappa, ministre en exercice, ose voir des « convergences idéologiques » entre la Manif pour tous dont je fus porte-parole – et qui n’a jamais rien cassé – et le terrorisme islamique et ses innombrables victimes ! Je cherche une autre Béatitude pour me pacifier.
3 réflexions au sujet de « N’en jetez plus ! (22 février 2019) »