PMA : Ne pas jeter le père !

Tribune parue dans Ouest-France le 26 septembre 2017.


La loi doit-elle ouvrir aux femmes seules ou vivant ensemble, mais ne souffrant d’aucune infertilité pathologique, les techniques artificielles de procréation ? Grave question.

Toute idée de père serait écartée pour les enfants ainsi conçus, le « géniteur » étant réduit à un donneur anonyme de sperme. Le Comité consultatif national d’éthique est divisé : un quart de ses membres s’est désolidarisé d’un avis soutenant ce projet. Cet avis invoque la « souffrance ressentie du fait d’une infécondité secondaire à des orientations personnelles » (il faut entendre sexuelles) et affirme que l’insémination artificielle serait non-violente, contrairement à la gestation par autrui qui utilise le corps de femmes « porteuses ».

Disons-le tout net : on marche sur la tête !

Il n’est pas question de nier la valeur du désir d’enfant, ni sa puissance, ni sa noblesse. Mais une telle pulsion peut-elle légitimer la fabrication d’enfants sans pères ? Nos désirs, surtout les plus forts, doivent être régulés. Sinon ils deviennent totalitaires. Des interdits, posés par la conscience et par la loi, limitent les forts pour protéger les faibles. Bienfaisants, ils pacifient la communauté des hommes. Or, une filiation artificielle qui ignore la parité homme-femme pénalise l’enfant et fragilise la société.

Faut-il rappeler l’origine du principe de parité ? Érigé en objectif par le monde politique, il trouve sa source dans une précieuse loi de la nature : il faut un homme (et un seul) et une femme (et une seule) pour faire un enfant. Nous avons tous bénéficié de cette loi universelle. « Un père, une mère », c’est le message constant de la vie biologique, un principe d’humanité inscrit dans nos généalogies puis dans notre culture. Réduire l’homme à son sperme vole à l’enfant toute référence paternelle et dénature sa filiation. De quel droit lui imposer pareille amputation ? Détourner la PMA pour priver délibérément l’enfant de cette parité père-mère lui inflige une violence psychique inédite et inouïe.

L’humanité est en train d’apprendre à ses dépens qu’on ne joue pas impunément avec les équilibres fondamentaux de la nature. Cette maxime vaut aussi pour la nature humaine. Tout ce qui est possible n’est pas forcément bon. Les catastrophes environnementales ne l’ont que trop démontré. Une toute-puissance sans régulation éthique menace l’écologie de l’homme. Les Français ne s’y trompent pas : 77% estiment que « l’État doit garantir aux enfants conçus par PMA le droit d’avoir un père et une mère » (Opinion Way, juin 2017).

Même si des accidents de vie peuvent priver un enfant de l’un ou l’autre de ses parents, l’élever sans père reste difficile. Les nombreuses mères-courage qui se retrouvent seules le savent parfaitement. Tant de peines et de difficultés sociales viennent de l’absence, de la démission ou de l’effacement des pères !

L’enjeu est crucial, car de coûteuses techniques de procréation ouvrent des perspectives insensées : reproduction à l’identique par clonage, bébé à trois parents biologiques par manipulation des gamètes, embryons humains génétiquement modifiés… Des apprentis-sorciers annoncent la gestation extracorporelle dans des utérus artificiels, étape vers le tragique transhumanisme. Une petite minorité de femmes ou d’hommes qui prétend se passer de l’autre sexe pour procréer pousse toute la société vers cette pente glissante : le juteux marché de la procréation. Ne créons pas un droit à l’enfant sans père au mépris du droit de l’enfant. Exigence d’écologie humaine. Question d’humanité.

 

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