Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, était l’invité de Elisabeth Quin sur ARTE, le 5 juin 2018, dans l’émission « 28 Minutes », pour débattre de la « PMA pour toutes, fin de la famille traditionnelle ? » face à Caroline Mécary et Jean-François Delfraissy.
Verbatim issus de l’émission :
« C’est un rapport de convictions. Quelles sont les convictions qui s’opposent ?
D’un côté, j’entends une revendication d’égalité pour donner accès aux femmes à un système de procréation qui, à mes yeux, escamote le père, de l’autre côté, une revendication d’égalité pour l’enfant. C’est là que se situe le point de crispation. »
« Un enfant né par un système de procréation médicalement assistée a le droit de se voir donner un père et une mère. Père et mère, ce n’est pas anodin ; ce sont deux réalités complémentaires. Nous accompagnons beaucoup de familles, le déficit de père est une source de souffrance pour beaucoup d’enfants. »
« Est-ce qu’on va programmer délibérément des enfants privés de pères dans notre pays, la France, pays des droits de l’homme qui reconnaît la dignité de la personne, alors qu’il y a tellement de souffrances et que tant de familles reposent sur des femmes seules ? Quel paradoxe d’ouvrir la procréation à des femmes célibataires alors que bien des femmes souffrent de tout porter toutes seules ! »
« L’enjeu est d’être écouté et entendu dans notre protection des plus fragiles. On peut peut-être se rejoindre là-dessus : le risque d’un basculement vers un nouveau paradigme procréatif, avec une procréation technicisée : livrer son corps et ses gamètes à des spécialistes, est-ce ça que les couples veulent ? L’enjeu majeur de santé publique est l’infertilité. »
« [Par rapport à la question de l’infertilité], l’enjeu est l’âge de la première grossesse, à plus de 30 ans désormais. Dire aux femmes « On va régler cet enjeu en vous demandant de nous donner vos plus précieuses cellules, avec un prélèvement ovocytaire » qui n’est pas rien sur le plan médical, comme l’ont fait des grandes entreprises américaines, pour avoir ensuite des grossesses par FIV , véritable parcours du combattant ? C’est absurde ; respectons plutôt l’écologie de la femme, du cycle de son corps, plutôt que de leur proposer des grossesses tardives, dangereuses pour elles. La société doit s’adapter aux femmes et leur permettre de concilier leur vie personnelle et leur vie professionnelle. »