Réécrire l’histoire est un sport national. Les 5 ans de la loi Taubira qu’on vient de commémorer ne font pas exception. A la façon dont certains régimes osent expurger leurs photographies officielles d’anciens dirigeants bannis, certains redessinent le grand mouvement social d’opposition au mariage et à l’adoption homosexuels. Quand on a participé à un évènement, entendre ce qu’en disent certains médias peut choquer. « Tiens ! J’étais dans ce tableau et je ne le reconnais pas… » L’érosion tenace de l’idéologie a fini par creuser des trous dans la mémoire collective.
Elle a d’abord effacé les porte-parole homosexuels qui défilaient en tête. Occulté, Jean-Pier Delaume-Myard qui expliquait qu’être homosexuel n’oblige en rien à légitimer qu’on prive un enfant d’un père ou d’une mère. Réalisateur de films, bénéficiaire d’un prix contre l’homophobie, il fit même partie des trois délégués de la grande manifestation reçus à l’Elysée en janvier 2013. Il faut l’oublier pour voir dans ces marches populaires un « déferlement de violence homophobe ».
Le but ultime de la dialectique manipulatrice, c’est « la conscience malheureuse ». Il s’agit de provoquer chez son opposant un sentiment de culpabilité pour le réduire au silence. Plutôt que d’être fier d’avoir défilé paisiblement pour le droit de l’enfant injustement bafoué, chaque manifestant doit en avoir honte. Jusqu’à épouser l’avis de ses accusateurs. Les condamnés des purges staliniennes se confessaient en public des crimes qu’ils n’avaient PAS commis, tant leur lavage de cerveau avait été efficace.
La conscience malheureuse m’a effleuré le 6 juin 2013 quand BFM télé m’a réveillé à 6h du matin pour m’apprendre la mort d’un certain Clément Méric. Pierre Bergé nous accusait d’en être responsables. Et me voilà sommé de nous défendre en direct d’un meurtre ! En réalité, le jeune étudiant avait participé à une rixe entre factions extrémistes sans lien avec notre action. Mais les accusations gratuites ont continué à chaque agression de personne homosexuelle. Tout a été fait pour salir la mémoire d’un mouvement social non-violent.
Pour contrer ce genre de dialectique, il faut simplement revenir au réel. Rappeler d’abord qu’il y eut zéro blessé et zéro vitrine cassée : fait exceptionnel pour des rassemblements d’une telle ampleur.
Puis revenir à notre motivation intacte : l’intérêt de l’enfant contre tout brouillage de sa filiation. En réalité, 5 ans plus tard, la pression pour la PMA pour toutes – c’est-à-dire pour un droit à l’enfant – nous donne raison.