À rebours d’un certain populisme, j’estime très utile la Chambre Haute. Surtout en ces temps où un seul parti domine l’Assemblée nationale. Le sénateur a un mode d’élection indirect et un mandat plus long, qui lui confèrent plus d’indépendance. Il a souvent une expérience d’élu local. Ancré dans les territoires, on l’espère moins soumis aux modes parisiennes ou aux idéologies, même si la fraternelle parlementaire reste influente au Palais du Luxembourg.
Quoi qu’il en soit, le traitement expéditif que vient de subir le projet de loi bioéthique en commission spéciale du Sénat déçoit ceux qui attendaient de lui un travail de rééquilibrage politique et d’ajustement juridique.
Au lieu de jouer leur rôle modérateur, les sénateurs de la commission spéciale ont surenchéri dans les transgressions. Non contents d’avoir maintenu la PMA sans père, ils ont aggravé l’eugénisme du texte des députés en allongeant à 21 jours le délai d’expérimentation sur les embryons humains, et en ajoutant de nouveaux critères pour trier les embryons, y compris le procédé de double-tri dit « bébé-médicament » que les députés avaient enfin aboli. Sans oublier un coup de canif de plus dans la clause de conscience spécifique des médecins pour l’avortement en cas de handicap. Face aux glissements bioéthiques déjà actés par les députés, on espérait un coup de frein voire d’arrêt : ce fut un coup d’accélérateur.
Les évêques de France ont protesté, à l’image de Monseigneur Aupetit. Le communiqué de l’archevêque de Paris, qui est aussi médecin, commence par citer l’évangile selon saint Luc : « Si nous nous taisons, les pierres crieront » puis il ajoute : « Après avoir commencé à détruire la planète, allons-nous laisser défigurer notre humanité ? »
À mon tour, je veux encourager les sénateurs à rétablir la justice dans l’hémicycle, où ce texte arrive bientôt, en leur offrant ces quelques vers, sans aucune prétention, mais en hommage au plus grand de nos poètes.
Dimanche à l’aube, à l’heure où reposent les âmes,
Je partirai. Ignorant la grève et le vent.
J’irai jusqu’à Paris, en tenue de campagne,
Je ne puis rester coi, silencieux par ces temps.
Je marcherai porté par l’esprit de justice,
Au nom de ces enfants que l’État n’entend plus,
De mères réduites au rang d’incubatrices
Et de pères effacés, anonymes, inconnus.
Sénateur, c’est ton heure ! La loi bioéthique
Arrive en ton palais, c’est sa dernière chance
Pour que l’écologie, à l’être humain s’applique
Rendez-vous à 13 heures, place de la Résistance !
Une réflexion au sujet de « Sénateur, c’est ton heure ! (17 janvier 2020) »