Tribune d’ Étienne Villemain (Lazare, Fratello), Éric Mestrallet (Fondation Espérance Banlieues), et Tugdual Derville, (Courant pour une écologie humaine, Alliance Vita) parue dans Famille Chrétienne n° 2045 du 22 mars 2017.
Nos cœurs ont vu. Chacun de nous trois a découvert une petite part de la grande misère de notre peuple. Et tous, nous avons été bousculés, bouleversés, envoyés… En nous impliquant avec d’autres auprès des personnes en souffrance, nous avons éprouvé une grande joie.
Étienne a été touché par la misère des personnes forcées de vivre et dormir dans la rue : elles sont plus de 140 000 en France, alors que notre société reste riche, voire opulente. Et il a décidé, avec d’autres, de vivre avec elles en « colocations solidaires », pour que ces pauvres retrouvent un logement et des amis, et soient vraiment reconnus et aimés.
Éric a constaté que de nombreux jeunes vivant en France étaient privés d’une vraie éducation et d’une instruction, d’un savoir-être et d’un savoir-faire, et de l’héritage des générations passées. Il a fondé des écoles innovantes pour les aider à devenir des hommes et des femmes libres en leur donnant la chance de rentrer de plain-pied dans le monde adulte.
Constater, commenter ou déplorer ne suffit pas. Agissons !
Tugdual a découvert des souffrances cachées, en accompagnant des personnes handicapées, des femmes enceintes et des familles en difficulté, et aussi des personnes déprimées, malades ou âgées : toutes étaient menacées, soit d’isolement, soit d’une grave atteinte à la vie, et avaient besoin d’écoute et de soutien, pour choisir la vie.
« Un cœur qui voit »
« Le programme du bon Samaritain est “un cœur qui voit” », écrit le pape Benoît XVI dans son encyclique Dieu est amour. Nous voulons affirmer ensemble – c’est le sens de notre Tour de France (1) – que chacun est capable d’agir à la lumière de ce que son cœur voit. Et de changer le monde par ses initiatives. À l’heure où le spectacle que donne le monde politique peut nous remplir de tristesse, de stupeur ou de désillusion, au risque de nous détourner de notre vocation politique – c’est-à-dire de la mission de chacun au service de la justice et de la paix sociale – , nous affirmons que nous sommes tous concernés. Agir « à hauteur d’homme » pour une société plus juste et plus humaine, c’est le programme que chacun peut mettre en œuvre ici et maintenant. Sans attendre un leader providentiel, il suffit de s’engager. Les occasions ne manquent pas. La France fourmille d’oasis de « vie dans la vérité », qui constituent autant de lieux où la société s’humanise.
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(1) « Espérance : mobilisation générale ! » à Angers (28 mars), Nantes (29 mars), Toulouse (30 mars), Marseille (3 avril), Lille (5 avril) et Lyon (6 avril).
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