Le jour où débutent les débats parlementaires pour évaluer la loi bioéthique à réviser tombe, statistiques à l’appui, un mot qui soudain tétanise : homophobie ! C’est une officine médiatisée qui le brandit. Son nom, c’est son programme, apparemment incontestable : SOS homophobie. Mais l’homophobie est un concept à tiroirs. Et c’est là que les choses se corsent.
Je ressors mon grec ancien. φόβος : la peur, l’effroi. Peut-on interdire ou punir une peur ? La raisonner peut-être. En réalité, le mot homophobie vise à dénoncer la haine. La haine des personnes homosexuelles en général ou d’une personne en particulier, en raison de son homosexualité. La haine est un sentiment que seul celui qui l’éprouve peut discerner en conscience. Pas autrui. À moins qu’elle ne s’extériorise en injure ou en agression. Et là – c’est vrai – il faut agir dès que des personnes homosexuelles sont victimes d’insultes, voire de violences inadmissibles. C’est ce que sait dénoncer avec force SOS homophobie, exemples poignants à l’appui. Bravo !
Je n’ai coutume ni d’insulter, ni d’agresser. Si l’on m’accuse d’être homophobe, je plonge illico dans mon for intérieur. Je n’y trouve pas cette haine et je récuse l’accusation.
Mais la définition est étendue. Est aussi dit homophobe celui qui discrimine une personne à cause de son homosexualité.
Bien sûr, je suis d’accord ! Il faut combattre toutes les discriminations injustes. Mais voilà que la définition a glissé : SOS homophobie affirme qu’est homophobe toute personne qui conteste l’adoption homosexuelle, la PMA « pour toutes » et bientôt la GPA. Me voilà donc, avec des millions d’autres citoyens, amalgamé à une haine que je n’éprouve pas. Quand j’explique qu’être homosexuel n’oblige en rien à cautionner la discrimination que subit l’enfant qu’on prive délibérément de père ou de mère, rappelant que j’ai manifesté en ce sens avec des porte-paroles homosexuels, j’entends répondre que ces homosexuels eux-mêmes sont… homophobes !
Là, je dis stop ! La ficelle est trop grosse. Au nom des enfants, il faut dénoncer cette manipulation victimaire. A-t-on le droit d’utiliser les vrais actes homophobes et ceux qui les subissent pour discréditer et museler les opposants à la PMA sans père et à la GPA ? Peut-on laisser croire qu’être homosexuel implique de faire passer le désir d’enfant devant le droit de l’enfant ? Ce serait jouer avec le feu.
SOS homophobie se rend-elle compte qu’à la façon des pompiers pyromanes, elle risque d’alimenter cette homophobie qu’elle combat ? Je pose la question.
2 réflexions au sujet de « Vous avez dit homophobe ? (18 mai 2018) »